La Tourbière de Gayme (63)

Tourbière de Gayme et Sancy - 12 novembre 2021 - 18

Située au cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne sur la commune de Picherande, le site de la tourbière de Gayme se découvre grâce à un parcours aménagé de 3kms.

Bienvenue sur la tourbière de Gayme :

Le départ de la randonnée s’effectue à proximité du lac de Gayme. Une petite balade en famille de 3kms pour découvrir ce lieu où une entreprise s’est installé pour exploiter la tourbe à partir de 1973. Les pelleteuses étant désormais reparties, il est donc possible de s’y balader de nouveau.

Attention de bien rester sur le sentier, il y a des « pièges à loup »… et il ne faudrait pas tomber dedans !

L’extraction manuelle de la tourbe :

Au printemps, quand il manquait de bois de chauffage, les habitants creusait sur un mètre ou deux environ des fosses avec une bêche pour extraire la tourbe à la fourche. Ces fosses étaient appelées « pièges à loup ». Des petites briques de tourbe étaient ensuite créées . Ces dernières séchaient tout l’été au soleil.

Au début de l’automne , les familles venaient chercher « les tourbes » à l’aide d’un char attelé de bœufs. Les briques étaient ensuite stockées dans un coin de la grange. La tourbe brulant bien, permettait d’avoir toujours de la braise dans les foyers. Dans certains pays, comme en Irlande, on se chauffe encore à la tourbe.

Après la Seconde Guerre Mondiale, on a vite découvert d’autres intérêts à cet or brun : l’industrie horticole s’en est emparé et c’est une extraction industrielle qui s’est mise en place.

L’exploitation industrielle de la tourbe :

Pendant 27 ans, camions et pelleteuses se sont succédés sur le site pour extraire la tourbe. La tourbe était prélevée à la pelle mécanique, une fois l’herbe enlevée et l’eau drainée. Elle était alors déposée sur une aire de stockage, encore visible à la sortie du site, pour être en partie séchée. On l’emmenait ensuite vers l’usine de traitement de Champeix. Là, on y additionnait divers composants afin d’obtenir tout une gamme de mélanges répondant chacun à des modes de production horticole.

Les pelleteuses ont extrait environ 200 000 mètres cube de tourbe sur ce site, engloutissant la moitié de la tourbière de manière irréversible.

Aujourd’hui, en France, la tourbe est uniquement utilisée comme support de cultures. Pourtant, la tourbe n’a d’intérêt que sa forte capacité de rétention d’eau ; ce n’est pas un engrais car elle ne contient pas de sels minéraux. Mieux vaut utiliser du compost… ».

La remise en eau :

Après l’exploitation, l’entreprise a remis en eau une partie du site pour qu’avec le temps (beaucoup de temps), la tourbière puisse peut-être un jour se reconstituer … Le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne a accompagné cette réhabilitation et suit avec intérêt l’expérience car les questions qu’elle suscite sont nombreuses.

Le Sancy est l’unique témoin passé et à venir de l’histoire de la tourbière de Gayme, car l’édification d’une tourbière se réalise sur une période de 2000 à 5000 ans. Un processus qui de surcroît peut être bloqué quelques centaines d’années en raison de variations climatiques ou hydrologiques.

L’arrivée de nouveau habitants :

Désormais, une forte réglementation accompagne l’extraction industrielle des tourbières : les parcelles doivent être remises en état au fur et à mesure de leur exploitation. Une mesure nécessaire étant donné le nombre de tourbières détruites depuis l’après-guerre, du fait de nouvelles activités : drainage intensifs, plantations, creusement d’étangs, de plans d’eau …

Or les tourbières abritent de nombreuses espèces menacées. Sur Gayme, on retrouve quelques espèces inféodées aux tourbières, mais surtout, avec la création de l’étang, la hêtraie, les bois de saules et d’aulnes, les zones de friches et de marais, le petit ruisseau, le site offre une multitude d’habitats propices à l’accueil de nouveaux hôtes.